Val-de-Marne : manifestation surprise des défenseurs de l’école publique à Créteil Soleil
Un cortège de manifestants s’est introduit dans le centre commercial, bondé en cette période de soldes. Ils réclament davantage de moyens pour l’Education nationale dans le département.

Il est 14h30 ce samedi après-midi au centre commercial Créteil-Soleil. Ce sont les soldes. Les allées sont bondées. Soudain, une clameur parvient depuis la porte 13. Les clients se figent et tournent tous la tête dans la même direction : un cortège de manifestants est en train de pénétrer dans le centre commercial, direction la Place Centrale.
« On veut du fric pour l'école publique ! », répètent-ils. « Soldes val-de-marnaises de l'Education nationale : tout VA disparaître ! », peut-on lire sur des tracts. La foule se masse autour de la place et sur les différents niveaux pour regarder cette mini-démonstration de force.
Car les manifestants ont négocié pendant plus d'une heure avec les policiers, les vigiles et la direction du lieu — aidés par plusieurs élus dont Évelyne Rabardel (PCF), première vice-présidente du département — pour obtenir l'autorisation d'exprimer leurs revendications. Car chez Klepierre, propriétaire de Créteil-Soleil, on n'aime pas trop associer l'expérience shopping des clients à l'ambiance d'une manifestation.
« Grande braderie de l'école »
« Les organisations signataires refusent cette grande braderie de l'école », « 1 AESH acheté = 10 enfants bradés », « Bac à 0 euro », « Déstockage sur les Réseaux d'éducation prioritaires », « Vente flash remplaçants » énumère le tract des parents, enseignants et syndicats, tandis que les drapeaux Sud Solidaires, FCPE 94, CGT Educ et Snuipp-FSU 94 flottent sur la Place Centrale.
« Monsieur le ministre, puisque vous ne nous entendez pas quand on est devant l'inspection d'académie et la Dasen à Créteil, on est ici pour crier notre colère ! », lâche Nageate Belahcen, présidente de la FCPE 94.
Les manifestants listent leurs griefs : ils réclament davantage d'enseignants, des remplaçants pour les profs absents — « il y a 160 postes de profs remplaçants alors que 400 sont nécessaires ! » —, des accompagnants pour les élèves en situation de handicap (AESH), des classes d'inclusion « à hauteur des besoins » mais aussi des mesures immédiates face à la pandémie de Covid-19. « Que tout cluster, à partir de trois adultes malades sur une période de sept jours, soit fermé, le temps que l'ensemble des personnels y soient testés et éventuellement isolés ».
Face à la pénurie d'AESH, dont souffre beaucoup Villejuif par exemple, l'inspection d'académie vient d'expliquer aux parents que « c'est une urgence, et nous travaillons d'arrache-pied sur le sujet », évoquant le déploiement des pôles inclusifs d'accompagnement localisés (Pial) censés apporter « plus de réactivité, d'agilité et de flexibilité » pour « répondre au plus près aux besoins des élèves », tout en « améliorant les conditions de travail » des AESH, dont la formation est appelée à être renforcée.

Concernant le manque de profs remplaçants, le recteur de l'académie de Créteil expliquait récemment à notre journal qu'« entre les personnels touchés par le virus, les cas contact ou les personnels fragiles, la situation au niveau des remplacements est plus dégradée cette année » et qu'il avait recruté « autant de contractuels que les années précédentes », soit 4 000.