À Vitry, 200 personnes dénoncent le «putsch» de Pierre Bell-Lloch
Une soirée était organisée mardi pour dénoncer le « putsch » contre le sortant Jean-Claude Kennedy (PCF), détrôné par Pierre Bell-Lloch, l’un de ses colistiers. Elle a rassemblé des habitants, beaucoup de militants mais aussi des opposants politiques.

Ils se sont pour certains écharpés pendant des mois, et parfois violemment. Ils étaient rassemblés mardi pour «dénoncer» ce qui s'est passé samedi à Vitry. À savoir l'élection au poste de maire de Pierre Bell-Lloch, le secrétaire de la section communiste locale, élu par les conseillers municipaux - à la surprise générale - contre le maire sortant. Maire sortant qui était pourtant à la tête de la liste communiste ayant recueilli 49,87% des voix au second tour.
Un rassemblement de protestation qui s'est tenu au Kilowatt et auquel ont participé des habitants, des militants, des opposants municipaux et politiques au maire sortant. Tous rangés derrière la dénonciation d'un « hold-up démocratique », d'un « déni de démocratie ». Drôle de campagne, drôle d'élection, drôle de soirée.
«Non, ça ne peut pas se passer comme ça»
«On ne voulait pas que ce soit ouvert uniquement aux adhérents du parti communiste ou aux militants, explique au micro Aurélien Rozo, de l'Assoce Kipik, devant l'immense chapiteau coloré du lieu de concerts et de fête. On a entendu des citoyens choqués. Et tout le monde a le droit de dire : non, ça ne peut pas se passer comme ça.»

Il est 20 heures et les prises de parole démarrent. Entrecoupées par des insultes de temps à autre, parfois corsées. Elles visent directement Pierre Bell-Lloch, traité comme un véritable ennemi. L'expression «guerre» est employée. Une ambiance électrique donnant parfois l'impression lunaire que la ville a basculé. Mais pour certains c'est le cas.
« Nous sommes une nouvelle génération qui vient casser avec ces anciennes méthodes, expliquait lundi 6 juillet Pierre Bell-Lloch, depuis la mairie de Vitry. Le conseil municipal a décidé de dire stop à ça, c'est un cataclysme parce que cela remet en cause un système qui existe depuis des décennies», justifie le maire de 42 ans, élu au conseil municipal depuis dix ans, qui s'attendait à sa mise au ban du conseil départemental, dont il est vice-président. «Je le savais et je n'aurais de toute façon pas pu tout faire», explique Pierre Bell-Lloch.
Une manifestation samedi avant le conseil
«Jamais un tel déni de démocratie ne s'était vu dans notre ville», explique sur le terrain du Kilowatt, et en tant que «citoyenne », Evelyne Rabardel, ancienne adjointe PCF de Jean-Claude Kennedy, et vice-présidente du conseil départemental. «Pour tout le monde, le maire, ça devait être lui», poursuit-elle, avant de faire savoir à l'assemblée que celui-ci, absent, est «très touché de l'initiative».

Frédéric Bourdon (sans étiquette, écologiste, soutenu par LFI), invite les participants à trouver des solutions pour «libérer la participation citoyenne». Et de les inviter à être présents samedi matin devant la mairie pour exprimer leur «mécontentement», alors que le prochain conseil municipal est programmé à 9h30.
«Il ne faudra pas être devant l'hôtel de ville mais dans l'hôtel de ville», rebondit plus tard un militant communiste, déclenchant applaudissements et cris. «On a été floués », dénonce une femme au micro.
Un «prétexte» pour Jean-Claude Kennedy
Pour Kamale Sobhi ex-candidat LREM, «beaucoup d'habitants vont retenir ce qui s'est passé pendant des années. Ça va encore dégrader l'image de Vitry». Les interventions continuent : Jacques Perreux (EELV), l'ancien adjoint de la majorité Hocine Tmimi, Bernadette Hérault, l'ancienne opposante de droite, qui exprime «une pensée pour Jean-Claude»...

«C'est la politique», lâche ce dernier, joint par téléphone ce mardi après-midi. Il voit dans ce qui s'est passé l'expression d'une «crise politique et démocratique». Et constate, au vu des réactions, qu'elle a un impact «bien au-delà de la ville», avec des conséquences «pour d'autres partis, comme le PS, EELV», et «au niveau du département aussi».

Les secrétaires de la section PCF de Vitry on fait savoir que la candidature de Pierre Bell-Lloch «a été malheureusement la seule issue pour préserver la majorité d'union de la gauche et écologiste».
Jean-Claude Kennedy, interrogé au sujet de l'accord passé avec les écologistes, confirme qu'il y a eu une «crispation» autour de la répartition des sièges à attribuer, «très tardivement», la veille de l'élection samedi.
Mais il y voit un «prétexte ». Au sujet de la «jeunesse» aussi. «S'il avait accepté la proposition de liste qui intégrait la jeunesse, il serait maire aujourd'hui», avait en effet justifié Pierre Bell-Lloch.
«Le reproche est un peu dur», estime Jean-Claude Kennedy, rappelant qu'il a été «maire-adjoint pendant douze ans», à la jeunesse notamment. Des élus aujourd'hui rassemblés autour de Pierre Bell-Lloch, «sont issus de l'office municipal de la jeunesse où ils étaient au conseil d'administration, rappelle-t-il. Ils ont grandi avec cette expérience-là. Et je les ai aidés à prendre une place dans la ville».
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