75 millions de doses supplémentaires du vaccin BioNTech/Pfizer : oui, mais quand ?
Le laboratoire allemand et son partenaire américain ont annoncé ce lundi 75 millions de vaccins supplémentaires livrés à l’Union européenne au deuxième trimestre.

Les laboratoires allemand BioNTech et américain Pfizer passent la seconde dans la production de vaccins contre le Covid-19. Ce lundi, les deux partenaires promettent 75 millions de doses supplémentaires de leur produit — baptisé « Comirnaty » — à destination de l'Union européenne (UE), dans le cadre des contrats existants.
Autre annonce : « Augmenter les livraisons à partir de la semaine du 15 février », afin de fournir « la quantité de doses sur laquelle le duo (Pfizer/BioNTech) s'est engagé au premier trimestre », a aussi déclaré Sierk Poetting, directeur financier de BioNTech. La double bonne nouvelle intervient alors que la campagne de vaccination piétine un peu partout en Europe, et que l'usine BioNTech/Pfizer située à Puurs (Belgique), a dû ralentir sa production au début de l'année pour modifier ses lignes de production. En tout, l'Union européenne a commandé 600 millions de doses au labo germano-américain.
Eviter le «capharnaüm»
Qu'en disent ceux qui vaccinent? « C'est forcément une bonne nouvelle : plus de vaccins, cela signifie plus de personnes vaccinées », salue Hélène Rossinot, médecin spécialiste de santé publique, qui se félicite aussi que ce soit le vaccin de BioNTech/Pfizer, « celui qui présente le taux d'efficacité le plus important (NDLR : 95 %) », qui soit concerné.
Mais elle tempère. « C'est une bonne nouvelle… si ces vaccins sont mis à disposition sur le terrain, c'est-à-dire dans les hôpitaux et dans les centres de vaccination », estime le docteur Rossinot, rappelant « le léger capharnaüm » qu'a été le début de la campagne de vaccination en France. Elle vise notamment le changement de calendrier entre la prise de la première et de la seconde dose, initialement fixée à trois semaines, puis à six, puis, définitivement, trois. « A cause de ce changement, pour honorer les secondes injections, on a dû annuler des rendez-vous pour la première », regrette-t-elle.
Pour autant, s'agissant du calendrier de livraison des 75 millions de doses supplémentaires par BioNTech/Pfizer, Hélène Rossinot ne charge pas les laboratoires, ni même les autorités de santé : « Oui, le deuxième trimestre, c'est loin. Mais on ne fabrique pas un vaccin en un claquement de doigts ! »
Le ralentissement temporaire des livraisons, qui concerne BioNTech/Pfizer, mais aussi l'anglo-suédois AstraZeneca et l'américain Moderna, a provoqué mi-janvier l'irritation de plusieurs gouvernements européens — le Danemark, l'Estonie, la Finlande, la Lituanie, la Lettonie et la Suède ayant exprimé leur « sérieuse préoccupation » dans une lettre commune.
Des inquiétudes sur le calendrier
Alors, les annonces des géants de l'industrie pharmaceutique agacent Ludovic Toro, généraliste à Coubron, une petite ville de Seine-Saint-Denis, dont il est aussi maire (UDI). « C'est bien gentil d'annoncer des millions de doses en plus, mais le second semestre, c'est quand précisément? » s'agace le médecin, qui souligne aussi que « la lutte contre le Covid-19 a besoin des sociétés privées pour produire des vaccins ».

Mais selon lui, il faut s'engager « sur des dates de livraison autant que sur des quantités de doses produites. » Et de rappeler qu'en Seine-Saint-Denis, plusieurs centres de vaccination, mis en place par les collectivités, n'ont pu ouvrir ce lundi … faute de vaccins disponibles. « Ceux qui opèrent dans la campagne de vaccination ont besoin d'un programme précis de distribution de ces doses, tacle encore Toro. On a besoin de s'organiser quand il s'agit de la vie des gens. »