A Pierrefonds, la merveilleuse vie de château des employés

Tout au long de l'année, 24 personnes travaillent dans l'enceinte fortifiée du château de Pierrefonds, qui accueille près de 115 000 visiteurs par an. Un privilège. Et quelques contraintes. « Seuls les bureaux sont chauffés, il faut savoir affronter le froid, sourit une employée. Et être en forme. » Tant d'escaliers… « En voyant ses jambes, un médecin a demandé à une collègue si elle faisait du sport de haut niveau », rigole une autre. Chaque matin, vers 8 h 30, ce sont les femmes de ménage qui franchissent les premières le pont-levis. Armées d'un énorme trousseau de clés sur lequel elles veillent jalousement.

Administratifs, guides, vendeuses en boutique... 24 personnes travaillent quotidiennement au château. LP/J.Ba.
Si les portes du circuit public sont presque toutes dotées d'une même serrure, des dizaines d'autres ont chacune leur sésame, que les femmes de ménage connaissent par cœur. « Elles piochent une clé sans hésiter, sourit Séverine Cognasson, responsable de la communication. Chaque jour, elles s'attaquent à une pièce, plus les espaces dédiés aux enfants. » Les parquets sont cirés deux fois par an. Javel interdite, évidemment.

Le château compte des dizaines de portes qu'il faut ouvrir chaque matin et fermer chaque soir... LP/J.Ba.
A 9 heures arrivent les administratifs. Gestionnaire, responsable des actions éducatives… Une régisseuse s'occupe des actions culturelles et événements. Il y a aussi « nos deux bricoleurs », insiste Séverine Cognasson. Chargés des travaux au sein du monument. « Une ampoule à changer, une porte à repeindre ? On les appelle ! » Pas question de faire n'importe quoi : un responsable décide des actions à mener, en lien avec les Bâtiments de France. « Dans un château qui a 150 ans, il y a toujours quelque chose à rénover », explique la responsable de la communication.

Les guides — ils sont sept — accueillent les visiteurs dès 10 heures. Toute la journée, ils montent, descendent, ouvrent des portes, expliquent, racontent… 80 % du monument est ouvert au public. A partir de 17 h 20, « ils font le tour du château, ferment chaque porte ». Pas question d'oublier un curieux. « Hors du circuit, il est facile de se perdre, assure une salariée. Même pour nous. Le talkie-walkie est obligatoire. » Une fois les portes du monument refermées, plus d'inquiétude. « C'est vraiment un château fort, explique Séverine Cognasson. Avec des douves de 8 m et des portails imposants… On n'a pas de problème de sécurité ! »
Amélie Garcia, responsable de la boutique, travaille au château depuis 2009. « J’ai commencé comme agent d’accueil, je faisais les visites commentées. » Ravie du « cadre idyllique » où elle officie, elle reconnaît que « l’émerveillement s’estompe un peu au fil des années », mais s’estime privilégiée. Parfois, « un rayon de soleil tombe sur le château et on ouvre de grands yeux ». Comme tous les salariés, elle a son lieu favori, « la chambre de l’impératrice et la richesse des peintures, les couleurs… » Son travail, par ailleurs, est assez classique : gestion des stocks, choix des produits… Mais essentiel : « C’est important de faire bonne impression. » Et saisonnier, forcément : « En plein hiver, on peut avoir 10 personnes en une journée, mais l’été ou pendant les vacances, cela peut monter à 2600… »
Jean-Louis Bouglé, maitre d’armes, intervient auprès des scolaires depuis environ quinze ans. « J’enseigne l’évolution de la chevalerie entre les XIe et XVe siècles... Les costumes, les armes et la façon de s’en servir. » Avec lui, les enfants se déguisent, manient l’épée... A Pierrefonds, « il y a des activités que je ne peux pas faire ailleurs ». S’appuyer sur l’iconographie dans ses explications, mais aussi profiter, par exemple, « des emplacements pour tirer à l’arc sur les envahisseurs », démonstration à l’appui. « On peut vraiment montrer aux enfants comment marchaient les choses. » Et tirer au canon. A blanc, mais quand même, le bruit est là. « Cela reproduit très bien l’effet de surprise que cela provoquait », sourit-il.